Hommage à Simon Wiesenthal

Le plus juste des justes

Architecte il n'a pas bâti des châteaux en Espagne
Mais c'est depuis son minuscule bureau viennois
Qu'il a lancé ses limiers sur la piste de criminels
Souvent ignorés par des Etats qui s'accommodaient
De cette situation, accueillant pour leurs besoins
Pas toujours avouables des réprouvés aux identités
Changeantes et masquées dans des coins reculés.
Mais inlassable il poursuivit la traque des bourreaux
Lui d'apparence si frêle était une force de la conscience
Avait-il eu cette prescience qu'il passerait de sa vie
Les deux tiers à pourchasser du nazisme les suppôts
En tout cas il n'a pas failli sur cette difficile route
Qu'il avait choisi au retour de 5 camps où il transita.
C'est une grande peine de voir malgré son grand âge
Partir un homme d'une telle humanité, un vrai sage
Qui n'avait pas fait sien le pardon et refusé l'oubli
Non pour cultiver la haine mais rechercher la justice.
C'est une émotion étrange de se rappeler son nom
Entendu si souvent depuis l'enfance qui résonne
Une dernière fois pour l'appel funèbre du rabbin.
C'est un homme peu ordinaire d'un grand âge
Qui prend son dernier chemin, pas avide de gloire
Il a été discret mais tenace et de guerre lasse
Est venu à bout de tant de dossiers épineux.
Y aura-t-il un jour son équivalent on ne le souhaite
Car il faut des monstres pour avoir des justes
Mais avec son départ ne s'éteignent pas les premiers hélas.
En forme d'épitaphe, on cherche ce qu'on peut dire
« il lutta tant de fois pour que la justice des hommes
passe au-delà du temps, par-delà la mémoire, pour
Que le souvenir des suppliciés ne soit pas oublié »
Intégrité morale, rectitude et fidélité furent ses maîtres mots.

T.J.

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